« La solidarité dans le malheur est bonne, mais la solidarité dans le mal est mauvaise », disait un ancien chef d’Etat africain. Être solidaire face à un malheur, face à un drame, à une violence, se mettre ensemble pour défendre un idéal…, c’est légitime, c’est humain.
Par contre, se lever ensemble pour commettre un acte de barbarie, pour violenter, casser, pour défendre un crime ou l’indéfendable, nier en groupe l’évidence pour sauver la tête d’un ou d’une partenaire est la pire des bêtises qu’un être humain puisse commettre. C’est même un acte de « malhonnêteté ». Cela ressemble aux agitations des grilleurs d’arachide apeurés.
Tenez ! Le jeudi 26 novembre dernier, votre quotidien électronique Guinéenews, sous la plume de Youssouf Boundou Sylla a réveillé les Guinéens, tous ceux qui vivent en Guinée et le monde entier sur le détournement présumé d’un montant de plus 200 milliards de nos francs au département de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle. Cette information, recoupée, vérifiée après plusieurs jours d’investigations, a non seulement laissé pantois tous les Guinéens mais semé la panique au sommet. Le gouvernement « groggy », sort brusquement de son coma et dans un élan de « solidarité » en criant sur tous les toits pour démentir l’information et va plus loin pour interpeller la Haute Autorité de la Communication pour dire à Guineenews de « revoir sa copie ». Et ragaillardie par ses collègues, la ministre citée dans l’affaire s’est décidée à saisir la justice après quatre nuits blanches :
« Chers concitoyens,
Je ne peux accepter d’être accusée et condamnée dans une campagne publique de dénigrement délibérée et assumée, déclenchée par un article paru sur un site d’informations. J’ai donc décidé, moi-même, de saisir la justice pour réparer certes l’énorme préjudice que j’ai subi avec les miens, mais aussi pour me rétablir dans mes droits, surtout pour préserver mon honneur, celui du gouvernement auquel j’appartiens ainsi que l’image de marque de notre pays.
Mon avocat, Me Dinah Sampil, fera les diligences nécessaires. Convaincue de mon innocence, il revient désormais à mes détracteurs d’apporter toutes les preuves des graves accusations portées contre moi, afin d’édifier la justice et l’opinion publique.
Mais, avant, je remercie tous pour le soutien et la solidarité exprimés dans l’épreuve que je traverse d’une grande injustice et cruauté gratuite. Dieu est Amour, Vérité et Justice.
Zenab Nabaya. »
Soit ! Cette réaction, c’est à son corps défendant. Mais, disons-le, tout net, la promptitude avec laquelle le gouvernement guinéen a fait sa sortie vendredi dernier, après le Conseil des ministres, ressemble très fort à un manque de lucidité et de sérénité. Kassory et ses ministres, aux abois, ont alors opté pour le nihilisme et l’arrogance. Cette réaction du dernier gouvernement de la troisième République frise la moquerie et l’insulte au peuple de Guinée. Cette bourde du gouvernement Kassory Fofana est tout sauf une solidarité. C’est une foutaise comme dirait l’autre. Comment peut-on faire un communiqué pour nier en bloc sans réserve l’information livrée par la presse ? Pourquoi sortir brusquement quelques minutes après la diffusion de l’information sans toutefois prendre soin de vérifier ou interroger la personne incriminée ? Et d’ailleurs pourquoi cette sortie maintenant ? Ce n’est pas la première fois qu’un ministre de la République est épinglé par les médias en Guinée ! On a vu beaucoup défiler à la barre sans que le Premier ministre encore moins tout son gouvernement n’ait levé le petit doigt. Où était cette « solidarité » qu’on manifeste aujourd’hui et d’ailleurs si maladroitement et inopportunément ?
Cette solidarité du dernier gouvernement de la troisième République n’est pas juste. Elle est sélective et partisane…Elle est mauvaise tout court. Qu’on arrête de distraire les Guinéens !
On aurait dû, dès les premières heures, laisser la ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle réagir comme ce fut le cas maintenant. C’est à la concernée de montrer patte blanche. C’est son droit.
une sélection de Antoine Mara journaliste exilé