Excellence Monsieur le président
Par la présente, je vous adresse mes félicitations suite à votre victoire à l’issu des élections présidentielles du 18 Octobre 2020. Par ce choix, la majorité du corps électoral vous a confié pour six ans la destinée de cette Nation.
Ce mandat est un tournant décisif pour vous et toutes les personnes (mortes et vivantes) qui vous ont accompagnées jusqu’ici. Votre si long chemin vers le pouvoir n’a laissé aucun citoyen indifférent.
A titre de rappel, le 17 Mai 1991, au prix de votre vie, vous avez défoncer les goulags de la dictature pour faire souffler le vent de la démocratie dans ce pays. Ce jour un héros rendu l’âme sous les bottes de la répression. Mais cela n’affecta jamais la détermination du peuple de Guinée à vivre dans la démocratie. Le 20 décembre 1998, ils ont voulu éteindre en vain le soleil de la démocratie dans ce pays à travers votre arbitraire arrestation. Si l’irréparable vous arrivait, s’éteindrait à jamais le rêve que vous incarniez dans nos cœurs et dans nos âmes.
Monsieur le président,
Vous êtes et tout seul, une page entière de l’histoire de la Guinée. Qu’est-ce vous voulez nous voir lire ? Nous avons bien lu une certaine idée de la Guinée. Nous avons également lu une certaine idée de l’Afrique. Mais nous voulons écrire une certaine idée d’Alpha Condé.
Monsieur le président,
Le prochain mandat qui commence le 15 Décembre 2020, doit être impérativement celui du changement de cap ; d’orientation et de méthodes de gouvernance dans tous les domaines. La forte attente de nos concitoyens est axée sur certains points que nous résumons ici :
1- Le Choix des Hommes et/ou Femmes
Il n’est pas utile de vous rappeler les ratés dans ce domaine. C’est le chapitre qui porte 80% de tout ce qui est reproché à votre pouvoir. Les nominations en majorité des militants de votre parti, n’ont pas tenu compte de la compétence à beaucoup de niveau. C’est pourquoi il n’a existé aucune coordination sérieuse entre les membres du gouvernement dans l’exécution de votre projet de société. La superposition des rôles et des fonctions a abouti à l’opacité du système. Il est pratiquement impossible de savoir qui fait quoi dans un ministère. Quand tout le monde est chargé de tout, soit personne ne bouge le petit doigt ou tout le monde bouge mal le petit doigt. Il convient d’ajouter à ce cocktail le clientélisme, la confusion et les abus du pouvoir. Devant ce désarroi, vous avez publiquement confessé que si votre jeune frère n’était pas décédé, il aurait fortement contribué dans la sélection des meilleurs cadres indispensables à la réussite de vos précédents mandats. Hélas !
Monsieur le président
Je vous propose
a) – Un gouvernement de 21 ministres dont un seul ministre d’état (soit celui des affaires étrangères ou de La Défense).
b) – L’ouverture de certains postes clés de l’administration publique à candidature. Les (5) candidats présélectionnés par le département concerné exposeront leur projet devant le cabinet du premier ministre d’abord. Ensuite les deux finalistes seront entendus par les membres de votre cabinet désigné à cette fin. Il s’agit entre autres les directions nationales de des Douanes, du Trésor public, des impôts, de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, de la BCRG, de la RTG, du port autonome de Conakry, de L’ANAIM, SNG….
2- Organisation du travail
La fonction publique est un creuset de la créativité et de l’innovation. Il n’existe aucune fiche de poste dans les départements ministériels. Les agents sont entassés à Conakry au détriment des localités de l’intérieur du pays. À titre d’exemple, la préfecture de Dinguiraye et ses différentes sous-préfectures n’avaient que 4 policiers titulaires et deux bénévoles en 2017. Il convient de remobiliser les fonctionnaires par votre implication personnelle. Une seule participation de votre part aux conseils de cabinets de deux ministères, remobilisera la fonction publique pendant deux ans. Dans le même élan, votre mandat doit mettre un accent particulier sur l’informatisation de la fonction publique afin de créer une synergie entre les différents décideurs.
2- L’animation de l’appareil d’État
Le contrôle étant indissociable de la gestion, ce mandat doit inscrire la lutte contre la corruption au centre de son action. Il est nécessaire de renforcer la capacité opérationnelle de l’inspection générale d’état. Les soupçons de corruption doivent faire l’objet d’une enquête rapide pour situer les responsabilités. Tout coupable devra répondre de ses actes. Cela renforcera notre image devant nos partenaires bi et multilatérales.
3- Le Cabinet du président
La suppression de tous les postes de conseillers et ministres conseillers est indispensable pour crédibiliser votre fonction suprême. A la place de cette liste, la mise en place d’un Haut-Commissariat présidentiel (HCP) dont les missions et les membres seront définis par un décret. Un volet de cet organe sera chargé du suivi et/ou de l’exécution des promesses présidentielles de développements (PPD)
4- La Réconciliation Nationale
Beaucoup se sont prononcés sur cette question. A l’entame de votre pouvoir en 2011, vous avez mis un comité de réflexion pourdéterminer les axes d’une parfaite réconciliation entre les guinéens. Le résultat sur le terrain, laisse deviner l’échec de cette noble mission régalienne de l’État. Pour nous, la réconciliation passera inévitablement par la justice. Vous devez incarner effectivement votre statut de « père » de la nation en fondant tous vos actes et vos propos sur les lois de la république. Vous êtes le miroir qui reflète l’espoir des citoyens dans la gouvernance inclusive.
Monsieur le président
Il est temps de remobiliser le peuple autour de la Guinée. Il est temps de créer les conditions de la cohésion sociale en apportant les réponses appropriées aux questions lancinantes relatives à la sécurité. Il s’agit pour vous de consolider la confiance entre vous et l’ensemble des citoyens responsables de ce pays. Il est impératif d’enclencher ce tournant social tant attendu et de prendre en considération les plus vulnérables.
Face à cette urgence sociale, nous restons à votre disposition pour travailler ensemble afin d’échanger et de construire ensemble des réponses adaptées qui placent la réalité de vie des citoyens les plus vulnérables au cœur de votre volonté de réforme.
En vous souhaitant une meilleure prise en compte de ces lignes et dans l’espoir d’un retour très prochainement à travers d’autres remarques pour une réussite du mandat qui commence, nous vous prions d’agréer, Monsieur le président de la République, l’assurance de notre haute considération.
Sekou Sakho Président de l’ONG CITACTS
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