Ils sont nombreux ceux qui attendent la composition de la nouvelle sélection gouvernementale du sélectionneur national, pour les six prochaines saisons, le Pr. Alpha Condé, trois fois champion en titre. Le premier sélectionneur national de l’équipe gouvernementale de la quatrième république connait son affaire. Je ne suis pas dans le secret des dieux. Mais, mon expérience pour avoir été longtemps ramasseur de balles dans les arènes politiques, mon instinct me dit que trois critères fondamentaux sont à considérer pour appartenir à une sélection de ce genre.
Premièrement, avoir mouillé le maillot pendant les saisons passées.
Deuxièmement, être titulaire d’un bon diplôme ou l’équivalent de l’original d’un diplôme certifié conforme à la photocopie, emprunté à un compagnon de maquis.
Troisièmement, compter sur un club de première division de faiseurs de miracles comprenant marabouts, charlatans, féticheurs, jeteuses de cauris, autres voyants et assimilés tapis dans les vestiaires, gradins, loges officielles, bancs de touche et même sur la pelouse. Au cas où, pour une raison ou pour un tort, les mauvais supporters diraient que tu n’as pas suffisamment mouillé le maillot, parce que ta transpiration est passée inaperçue à cause des matchs disputés sous des pluies torrentielles. Nous vous donnerons justement quelques recettes au sujet de ce troisième point. On ne sait jamais.
EQUIPE IDÉALE DE MARABOUTS FAISEURS DE MINISTRES
Une équipe idéale de faiseurs de ministres devrait comprendre en moyenne un marabout pour les talismans pour attirer les faveurs des saints ; un féticheur pour les amulettes contre les mauvais sorts des jaloux ; une jeteuse de cauris pour la ceinture de sécurité afin de contrecarrer les esprits malins des concurrents ; un voyant pour pendentif pour vous éviter de marcher sur des peaux de bananes des prétendants au même poste que vous ; un charlatan pour la bague magique afin d’écraser les œufs des comploteurs qui cherchent votre portefeuille ; un astrologue pour un bracelet comme aide-mémoire pour rappeler ce que l’on sait déjà, mais que l’on veut entendre dans la bouche de quelqu’un d’autre, etc.
LES BONNES ADRESSES À ÉVITER
Je vous donne les bonnes adresses de certains marabouts, féticheurs, jeteuses de cauris à éviter. Quand je dis bonnes adresses, il s’agit en réalité de ceux-là, qui, de notoriété publique, ont la triste réputation de faire le malheur de ceux qui se sont frottés à eux dans un passé non lointain. En tant que Mandén- Mory, je me dois de signaler les tristes palmarès de ces gens-là. A vous de tirer vos propres conclusions.
LES JETEUSES DE CAURIS :
C’est le cas de cette jeteuse de cauris dont le client de ministre a perdu son portefeuille dans un taxi qu’il avait emprunté pour se rendre incognito chez une autre jeteuse de cauris qui se trouve être la rivale et ennemie jurée de sa protectrice. Le ministre n’est jamais arrivé à destination et il n’a jamais retrouvé son portefeuille ministériel. D’abord, pour cause de crevaison de pneu. Puis, un léger accrochage avec une voiture de camouflage d’un autre ministre qui roulait à sens inverse. Certainement pour aller consulter lui aussi sa jeteuse de cauris attitrée. Tandis que les coups de gueules pleuvaient entre les deux chauffards qui ne se doutaient pas qu’ils avaient des ministres comme clients, résonna à la radio l’annonce d’un décret. Un décret qui était tombé plus tôt que prévu. Coupant court à l’hostilité du moment. Un cessez-le-feu a été obtenu. Les bruits des obus verbaux des chauffards ont fait place à un silence de mort. On ne pouvait entendre que la radio d’où une voix mélancolique égrainait les noms des nouveaux membres de la sélection gouvernementale. À la fin, les noms d’aucun de nos deux ministres, qui ont souhaité garder l’anonymat, n’ont été cités. L’histoire retiendra que les deux anciens ministres étaient des clients des deux jeteuses de cauris rivales. Ils ne le sauront jamais. Chacun s’est dit de son côté, que donner de l’argent à ces deux jeteuses de cauris, c’est comme jeter du sel dans l’océan.
LA FEMME DU MARABOUT:
Avez-vous jamais entendu parler de l’histoire du marabout de cette ministre qui rêvait d’un nouveau ‘’fourre-tout ministériel’’ ? Son marabout était rassurant et convaincant. Elle n’avait aucune raison de se douter de coups fourrés, quand son marabout lui dit qu’elle pouvait dormir tranquillement dans son lit. Une clause qui était dans le contrat. A son réveil, elle était unie par la chaine de mariage à son marabout. Le temps de voir clair, elle était vêtue d’une tunique noire, son visage masqué par un voile noire. En bon musulman, croyant et respectueux, à sa manière, de certains des préceptes, notre marabout ne garde jamais plus de quatre épouses à la fois dans le harem. Les nouvelles conquêtes remplacent toujours une ancienne qu’il prend soin de renvoyer. C’est ce qui fut fait. La ministre insatiable est venue remplacer l’une des dernières épouses répudiée du marabout. Elle est devenue la nouvelle quatrième épouse et par la même occasion la cinquième à occuper ce rang dans le harem de son marabout. Elle-même venait de divorcer récemment sur conseil de son marabout suite à une révélation divine faite à ce dernier selon laquelle son mari dégageait une énergie négative qui empêchait madame la ministre de voler plus haut. Selon le marabout, elle risquait même de faire un atterrissage forcé si elle ne larguait pas son bon à rien de mari. Celui-ci fut aussitôt parachuté en plein vol. Bon débarras. Mais quand l’appareil atterrit et que tombèrent les décrets, les masques du marabout tombèrent. Non seulement Madame n’a pas obtenu le portefeuille ministériel tant convoité, mais elle a perdu celui qu’elle occupait. Ce portefeuille revint de plein droit à la petite sœur de son nouveau cher époux de marabout. La famille avant tout. Le mari de la désormais ex-ministre est catégorique. Pas de femme ministre dans son harem. Le rôle de la femme au foyer est la soumission totale. A commencer par le port du voile. Pauvre ex-ministre. Elle a perdu ses ailes. Désormais, sa vision du monde est obscurcie par le voile conjugal.
LA FILLE DU FÉTICHEUR:
Je vais vous conter les mésaventures du tout puissant directeur qui voulait devenir ministre. Il finit par se retrouver dans de sales draps avec une infirme encombrante comme épouse. La vision brouillée par l’envie de devenir ministre, l’inamovible directeur avait suivi aveuglement le regard de son voyant de féticheur. À vrai dire, le féticheur ne pouvait être plus explicite quand il dit à son client « Wanna be Ministre », que la solution à son ambition ministérielle se trouve dans un lit conjugal. En clair, qu’il devait convoler avec une fille dont l’infirmité physique cache une beauté du cœur qui n’est comparable qu’à celle de SOGOLON KEDJOU, littéralement, SOGOLON-LA-LAIDE, brave mère de SOUNDJATA KEITA, l’empereur du Manding qui a régné vers 1326. Les coïncidences étaient troublantes. Car la description de la réincarnation de SOGOLON KEDJOU, ressemblait mots pour maux au portrait-robot de la fille unique du féticheur-faiseur de miracles. Impossible de classer Miss SOGOLON KEDJOU dans une catégorie de canon de beauté du genre humain. Difficile d’en faire une description orthodoxe. On retiendra qu’elle est faite de lignes irrégulières, débouchant sur des angles obstrués, perpendiculaires à des rondeurs tortueuses, toutes proportions déformées par le prisme d’un embonpoint causé par un appétit boulimique pour tout ce qui engraisse.
La noce fut consommée pour le malheur et pour le pire. Qui ne tardèrent pas à surgir. Celle que l’on croyait mariée à un directeur, futur ministre, n’était plus mariée qu’à un moins qu’un directeur. Amère lune de miel. Pour le malheur, non seulement il n’a pas obtenu de portemonnaie ministériel, pire, il a perdu son sac-à-dos directorial. Divorcer n’est pas une option, menaça le féticheur géniteur de Miss réincarnation de SOGOLON KEDJOU. Mais il fut sage de révéler ce précieux secret de famille à son gendre : mes génies n’apprécient guère qu’on divorce de ma fille. C’est ainsi que le « Wanna be Ministre », apprit que notre Miss protégée des génies était à sa septième noce. Les six premiers maris ayant senti l’arnaque, ont divorcé malgré l’avertissement semi voilé du père. Ils ne sont plus de ce monde. Si tu épouses Miss SOGOLON KEDJOU, c’est littéralement jusqu’à ce que la mort vous sépare. Vous comprenez ce que veulent dire les génies ?
Toute ressemblance avec tout fait similaire est pure réalité du hasard de l’imaginaire.
Moussa CISSE
Journaliste, Directeur Bureau de presse (PRG)