Il y a belle lurette, les jeunes filles guinéennes ont décidé de prendre la route de l’exil ou l’immigration clandestine. C’est-à-dire, se rendre soit dans un des pays de l’hexagone soit aux Etats unis chez l’oncle Sam. Chaque année, des dizaines de filles quittent le pays qui les a vus naitre, laissant derrière elles, leurs pauvres parents avec l’espoir de retourner un jour toutes heureuses. Avec courage et risques, elles bravent la traversée du désert, de la méditerranée et subissent toutes sortes de violences…
A ce jour, il n’y a pas que de jeunes filles qui s’exilent, des femmes mariées y ont également pris le goût. Ce qui revient à dire que le phénomène d’immigration a tendance à se féminiser. Durant la traversée, on assiste à des scènes abominables avec ces femmes en grossesse accompagnées de leurs enfants. A propos donc, de cette féminisation, l’on doit pouvoir lever le coin sur le voile et en parler. Puisque la situation a pris de l’ampleur qui ne dit pas son nom.
Actuellement, il n’est pas exclu de voir de grandes dames, baromètres de la société qui s’invitent à leur tour, au voyage de multiples péripéties. Il s’agit cette fois-ci des femmes mariées ou célibataires qui n’hésitent pas à emprunter la route migratoire avec son cortège de malheurs.
Au fait, aller en Europe, semble un voyage banal pour certains qui pensent qu’il faut simplement des moyens et à quel prix. D’autres savent bien ce que représente cette aventure. Malgré de douloureux témoignages des rescapés ou survivants de la traversée du désert, de la mer méditerranée couplés aux différentes campagnes de sensibilisation, ces femmes trouvent réellement du plaisir et du goût à se mettre en route pour l’Occident. Ces guinéennes qui sont de plus en plus nombreuses à immigrer, risquent inéluctablement leur vie en ignorant ce périlleux périple à travers lequel, on traverse des dizaines de frontières, du danger courant de la méditerranée. Parmi elles, il y en a qui sont en état de famille (grossesse) d’autres, accompagnées de leurs enfants. Alors inconscientes, ces femmes mariées ne veulent rien attendre ni voir sinon qu’être devant les faits ou le danger. Qu’on le dise ou pas, elles courent les risques qui mènent tout droit à la mort.
Pour la plus part de ces femmes, ce rêve commence dans un premier temps en famille, puis dans les quartiers. Ici et là, on dispute et met en place un plan marshal pour partir à Eldorado européen ; histoire d’avoir une vie meilleure. Aujourd’hui, partout dans les marchés, dans les salons de coiffure et dans les ateliers de couture, toutes ces jeunes femmes et filles se battent juste, pour avoir un fonds leur permettant de quitter le pays pour l’Europe en quête d’une vie meilleure. Généralement c’est des femmes et filles qui sont tributaires de dettes ou sommées de vendre leurs terrains ou leurs habitations. Comportement que nombre de femmes responsables, déplorent.
Madame N’Nasira Sidibé communément appelée ‘’Tantie N’Nsira’’, commerçante à Madina, patronne d’un magasin, connaissant des risques que courent ces aventurières, dit avoir vu des dizaines de jeunes femmes et filles partir pour l’Europe, abandonnant derrière elles, leurs activités lucratives. A entendre dame N’Nsira : « Il ya une jeune fille âgée seulement de 20 ans est parvenue à fouler le sol d’Espagne où elle a été prise en charge dans un établissement des migrants. Ici, elle a trouvé un petit job pour survivre. Mais avant d’avoir accès au document de migrants, elle a vraiment souffert au point qu’elle voulait même rebrousser chemin. Disons que ce retour est aussi ponctué de difficultés en route. C’est pourquoi, je conseille toutes les jeunes femmes ou filles, de ne pas prendre des risques. Car, l’exil est une vie très dangereuse pour une femme. Celles qui optent pour l’aventure, rencontrent une et mille difficultés pour la traversée.
Toutefois, nous demandons à l’Etat, de prendre des mesures draconiennes pour mettre fin à cette pratique ».
Pour renchérir, Madame Fatoumata Yarie, coiffeuse ajoutera : « Nous les femmes, nous sommes très ambitieuses ; c’est la seule raison qui nous pousse à aller de l’autre côté. Nous savons bien que le bonheur ne nous attends pas en Europe, nous forcions seulement la situation pour qu’on dise simplement que telle ou telle s’est rendue en Europe. Dormir surement dans la rue, n’est pas évident. Mais on se dit, une fois là-bas, la situation peut changer. Alors qu’ici, nous respirons l’air de la liberté et de la paix. Avec l’atmosphère qui prévaut à Avaria, nous exhortons toutes les femmes à rester en Guinée, parce qu’ici, il n’y a aucun problème mieux, nous vendons aisément. Mais quitter son pays pour l’Occident, à la recherche du bonheur, c’est se tromper et risquer sa vie. Alors, nous femmes guinéennes, soyons prudentes pour éviter la mort ».
Il est donc judicieux pour l’Etat, de prendre toutes les dispositions nécessaires afin que des voies et moyens soient crées pour aider les femmes à sortir de l’ornière.
Mariane Lanfia Touré
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