Dix soldats maliens ont été tués mercredi dans une attaque imputée à des jihadistes contre leur poste dans le centre du pays, un des foyers de la violence qui ensanglante le Sahel, ont indiqué des responsables sécuritaires.
Tadayt, organe de propagande proche d’Al-Qaïda, a attribué cette attaque au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, ou Jnim en arabe), alliance jihadiste affiliée à Al-Qaïda.
C’est la plus meurtrière en 2021 contre les forces maliennes, qui ont perdu des centaines d’hommes de la sorte ces dernières années.
Fait rare, les assaillants ont eu recours à un ou des véhicules blindés, selon un responsable sécuritaire.
Le poste de Boni, entre Douentza et Hombori, dans la région de Mopti, a été attaqué vers 06H00 (locales et GMT) “par des individus lourdement armés à bord de véhicules blindés”, a-t-il dit.
Dix dépouilles ont été acheminées par un hélicoptère de la mission de l’ONU (Minusma) à l’aéroport de Sévaré, près de Mopti, et huit blessés évacués vers un hôpital, ont dit des responsables locaux sous le couvert de l’anonymat suivant une pratique courante pour de telles informations.
L’attaque a causé des dégâts importants dans le camp, a dit un des responsables sécuritaires.
L’armée malienne a dit sur les réseaux sociaux avoir reçu l’appui aérien de Barkhane, la force antijihadiste française au Sahel. Un responsable militaire malien a indiqué que les jihadistes avaient subi “des pertes importantes”, sans plus de précision.
“Ce matin, les combattants du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ont pris le contrôle de la base militaire de l’armée renégate dans le village de Boni. Louange à Dieu, et gloire”, a écrit Tadayt, proche d’Al-Qaïda, via la messagerie Telegram.
On ignore quelle provenance pourrait avoir le ou les véhicules blindés. Comme ils l’ont à nouveau fait à Boni, les jihadistes, qui se déplacent à moto et en pick-up, emportent communément du matériel sur les lieux de leurs attaques.
“Les jihadistes ont pris au moins une douzaine de blindés aux forces maliennes, burkinabè et nigériennes ces dernières années”, indique Héni Nsaibia, chercheur au projet Acled, spécialisé dans la collecte des données relatives aux conflits. Ces blindés peuvent se retrouver d’un pays à l’autre.
Le secteur a été le théâtre dernièrement d’intenses opérations, comme l’opération baptisée Eclipse et conjointe aux armées malienne et française.
L’armée malienne avait rapporté le 26 janvier qu’Eclipse avait “neutralisé” une centaine de jihadistes. Dans ce secteur, trois soldats français ont été tués par une mine artisanale fin décembre, et six soldats maliens ont été tués dans deux attaques fin janvier.
– Sommet en vue –
Le secteur est une zone de de forêts clairsemées et de brousses surplombées d’un massif rocheux où sont implantés des éléments du GSIM. D’autres groupes, liés pour leur part à l’organisation Etat islamique, sont également présents dans la région.
Depuis 2012 et le déclenchement de rébellions indépendantiste puis jihadiste dans le Nord, le Mali s’enfonce dans une crise multiforme qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, et des centaines de milliers de déplacés, malgré le soutien de la communauté internationale et l’intervention de forces de l’ONU, africaines et françaises.
Les violences se sont propagées vers le centre du pays, qui en est devenu un des principaux foyers, et vers le Burkina Faso et le Niger voisins.
Les groupes armés apparus en 2015 dans le centre du Mali ont prospéré sur les anciens antagonismes liés à la terre, entre éleveurs et agriculteurs et entre ethnies peul, bambara et dogon.
Ils attaquent tout ce qui reste de représentation de l’Etat et fomentent ou attisent ces tensions. Des “groupes d’autodéfense” communautaires sont également accusés d’exactions.
Un sommet doit réunir les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) les 15 et 16 février à N’Djamena pour faire le point sur la situation sécuritaire dans la sous-région, avec à l’horizon un possible redimensionnement de Barkhane.
AFP