Nul ne connait le chiffre officiel, exact de femmes au foyer, trompant leurs époux avec d’autres hommes, de jeunes filles précoces ou de multirécidivistes endurcies, qui interrompent presque régulièrement une grossesse contractée, avec ou sans consentement. Seule évidence, l’avortement clandestin, pour autant puni par la loi en Guinée, se révèle aujourd’hui être un interdit fort accommodant.
Des jeunes filles en âge de procréer, des femmes happées par le gain facile et donc portées sur le matériel, subséquemment proie facile aux prédateurs, des adolescentes échappant à tous contrôles des pères et mères de familles, des étudiantes, des fonctionnaires, des divorcées, des femmes vivant loin de leur époux, des veuves, etc. Difficile de se faire une idée sur cette kyrielle de gente féminine qui avorte. Soit seule, avec des décoctions, des infusions et autres racines et écorces des plantes. Soit, avec un savant mélange de dérivés de produits chimiques, à avaler, à se faire injecter. Soit enfin, avec le truchement d’un gynécologue, attitré ou pas, outillé ou non, ayant un cabinet ou une structure de rattachement ou pas.
Quand risques et appât de gains alternent…
Pour ne pas heurter la sensibilité et surtout pour mieux adoucir les mœurs, on se garde de livrer tout le sinistre attirail avec lequel, certains hommes en blouse blanche, ou prétendus comme tels, interrompent une grossesse. Souvent, ni le local, ni les outils encore moins celui qui le fait ne sont dignes d’assurance. Ces mercantiles avorteurs pour l’essentiel, à la sauvette, dans des cabinets de fortune ou dans des hôpitaux (CHU) et autres ne misent que sur l’argent. Selon des indiscrétions, le prix varie selon les cas et selon la structure sanitaire ou plutôt du gynécologue. Ainsi, avec 300, 400, 500 mille GNF « on s’en débarrasse », pour parler comme les plus grandes habituées de l’interdit accommodant. Chez d’autres, pas moins d’un million GNF, tandis que, des sources indiquent que dans les CHU (centres hospitalo-universitaires), CMC (centre médical communal) et autres cabinets dignes, privés, il est question de débourser près de 2 millions GNF, voire plus.
C’est laborieux en revanche de comprendre qui fait quoi en ces lieux, à priori destinés pour des consultations de routine et des suivis de patientes. Et non pour des avortements clandestins. De l’avis de ce spécialiste de la chose féminine, exerçant à Donka et qui garde l’anonymat, le phénomène prend de l’ampleur et bien des femmes et jeunes filles s’exposent à de gros risquent. Notre interlocuteur ne dira pas plus ! Sur le nombre de cas enregistrés par jour ici et là, il faudra certainement être un grand géomancien, car, bien qu’étant un interdit fort accommodant, l’avortement est un sujet tabou dans certaines structures sanitaires. Même s’il constitue une réelle source d’enrichissements pour des hommes en blouse blanche et pour des amateurs pris comme des praticiens convaincus.
Des causes diverses pour interrompre…
Mais, quelle est vraiment la cause de ces interruptions volontaires de grossesses ? Les avis sont partagés. Pour certains, c’est parce que ladite grossesse n’est pas désirée, pour des raisons liées à une coïncidence entre jours de fécondité et intimité intenable, à un règlement de comptes entre amants ou époux, à une vengeance, à une infidélité, à une incapacité de gérer des enfants, mais surtout de peur d’être exposée, voire bannie par la famille. Si avec certains cas, des mères de familles sont complices, en revanche, d’autres cas, elles sont trompées par leurs propres enfants. C’est quand même un phénomène social qui requiert des analyses et études approfondies.
En attendant, avorter en Guinée n’effraie plus aucune fille ou femme et cela ne dissuade non plus, aucun médecin. Seul préoccupation qui vaille dans les hôpitaux : Remplir le porte-monnaie et passer … à la suivante. Après tout, l’interdit est accommodant, complaisant et peu dissuasif !
Thierno PEREDJO