Tribune] Peu enclin à s’épancher dans les médias, Maître Alain Moriba Koné préfère s’atteler à ses fonctions de ministre de la justice et des Droits de l’Homme à plein temps. Ce qui ne fait pas de lui, en dépit des apparences trompeuses, une figurine sur le papier de musique du Gouvernement de Transition.
Il est sans aucun doute le ministre le plus taiseux, le moins en vue du Gouvernement sous bannière CNRD. Mais au rayon de l’efficacité, peu sont les ministres qui osent la comparaison avec lui. Un paradoxe aux yeux de ceux qui jugent le Gouvernement Beavogui à l’aune des sorties médiatiques de ses membres, exposant à grand renfort de déclarations publiques leurs actions supposées ou réelles; une normalité pour Maître Alain Moriba Koné qui préfère l’attirance du silence à l’abondance de la récurrence pour cultiver sa différence. Pas de vagues ni de déclarations tapageuses, le style Alain Moriba Koné s’imprime dans la discrétion. De quoi prendre le risque de paraître effacé pour beaucoup. Qu’importe, lui, aime l’ombre pour tisser sereinement sa toile et briller sans intention d’éblouir dans la lumière ceux dont le style paraît à bien des égards, outrancier.
Nommé ministre de la justice et des Droits de l’homme à la suite du limogeage de son éphémère prédécesseure, Maître Alain Moriba Koné entame pied au plancher les réformes nécessaires pour permettre à la justice de faire sa mue: il chapeaute, sous l’autorité du président de la Transition, la mise en place de la cour de répression des infractions économiques et financières. Sous son magistère, les interférences dans la sphère judiciaire sont devenues résiduelles pour ne pas dire inexistantes. Les magistrats sont plus indépendants que jamais et sortent inexorablement de l’ombre tutélaire et encombrante de l’exécutif. La justice fonctionne à plein régime : Les reports d’audiences, autrefois la règle, sont redevenues l’exception. Les citoyens épris de justice saluent les poursuites engagées contre les auteurs présumés de crimes économiques et de sang. Le renouveau de l’appareil judiciaire conduit de mains de maître par le ministre Alain Moriba Koné fait consensus. Résultat, le département de la justice est devenu, en espace de quelques mois, le théâtre d’un balai incessant de visites de très grandes personnalités du pays et des institutions internationales. La dernière en date, celle du représentant résident du Haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme est le signe que les actions de Maître Alain Moriba Koné trouvent des résonances chez les partenaires bi et multilatéraux de la Guinée.
Renforcement des capacités du personnel judiciaire, accélération des travaux de construction du tribunal ad hoc prévu pour le très attendu procès du 28 septembre, l’avocat devenu ministre propulse son département dans une nouvelle ère, celle d’une justice qui assoit sa respectabilité dans l’indépendance de ceux qui l’animent. À sa discrétion, le secret de son efficacité insoupçonnée, s’ajoutent ses capacités managériales qui lui permettent de transcender par exemple les écueils liés au respect du statut des agents pénitentiaires. Impassible face aux critiques qui lui sont parfois injustement adressées, il sait aussi faire savoir, à sa manière, que c’est lui, le boss au département de la justice, n’en déplaise à certains magistrats appréciés certes, mais souvent exubérants dans l’exercice de leurs fonctions. La justice qui trace le sillon de sa transformation tient son homme providentiel en la personne de Maître Alain Moriba Koné.
Avec sa discrète maîtrise des rouages d’un département qui, sous sa férule, retrouve de l’allant, le choix de sa modeste personne comme ministre de la justice et des Droits de l’homme s’apparente à un casting payant pour le président de la Transition. Car avec le ministre Alain Moriba Koné, Colonel Mamadi DOUMBOUYA peut raisonnablement nourrir l’espoir que la quête d’une justice indépendante au service de la vérité du droit n’est pas une utopie.
MOHAMED DJIBRIL CAMARA