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Tribune] Mory Condé et les partis politiques: suspendre ou dissoudre? (Paul Moussa Diawara)

Est-il nécessaire de mettre l’ordre dans le désordre de la pléiade de partis politiques en Guinée ? A vrai dire c’est un sujet polémique qui suscite le débat controversé dans l’opinion, au point que les auteurs des réflexions ou des analyses sur cette thématique qui domine l’agenda politique et médiatique sont appréciés ou contestés voire critiqués selon les positions des uns et des autres. Peu importe!

En effet, si la décision du Ministre Mory Condé de procéder à l’inspection des partis politiques dans le pays est salutaire, faut-il rappeler qu’en tant que tutelle des formations politiques, des ONG’s, des associations… c’est un devoir, à certains égards une obligation, un pouvoir régalien qui incombe au locataire du MATD de réguler, de coordonner… toutes ces entités sur la base d’une certaine législation établie et connue de tous.

Ainsi, comme dans le rôle dévolu à tout régulateur, le MATD surveille et veille à la régularité des institutions politiques et non politiques relevant de son ressort, au respect des textes qui encadrent leurs activités, rappelle, interpelle, oriente, recommande, sanctionne.. les uns et les autres en cas de manquement ou d’inobservation des règles, des principes, des bonnes pratiques…

A rappeler que la rupture constitutionnelle a souvent, sinon toujours impliqué la rupture institutionnelle, les cas précédents font lésion, conduisant à la suspension automatique des institutions publiques au lendemain d’un putsch militaire comme celui du 05 septembre 2021; même si pour le besoin de la cause le CNRD a jugé nécessaire de réhabiliter certaines d’entre elles (cour suprême, HAC, cour des comptes).

En réalité et encore une fois, la suspension ou la dissolution de la constitution, norme supérieure et source de création du Gouvernement, des partis politiques, des ONG’s, des associations… conduit généralement à la suspension ou à la dissolution de ces institutions. C’est à ce titre que le gouvernement a été dissout et les institutions publiques également.

Ceci étant, est-il nécessaire au jour d’aujourd’hui de dissoudre ou de suspendre les partis politiques ? Rien n’est moins sûr !

Englué dans les négociations sur fond de tiraillement avec la CEDEAO, harcelé par la communauté internationale pour le retour rapide à l’ordre constitutionnel, si la dissolution par le CNRD de certains partis politiques pour manquements ou violation de la charte élaborée en 1991 et adoptée en 1992, toujours en vigueur malgré les changements successifs des régimes, est envisageable et acceptable, la suspension de tous les partis politiques pourrait cependant être mal comprise, le 05 septembre étant derrière nous, et ce, depuis près d’un an.

Quoi qu’il en soit, pour la réussite de la refondation de l’État, du pays… initiée par le colonel-Président Mamadi Doumbouya et le CNRD, au bénéfice des populations guinéennes, elle doit s’accomplir sans complaisance, sans subterfuge, avec doigté, fermeté et efficacité. Une autre voie conduirait au fiasco.

Paul Moussa Diawara, membre fondateur du CRAS