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Tensions socio-politiques : La bonne foi du Colonel-Président à l’épreuve du chantage politique

La réunion en début de semaine au centre islamique de Donka a tout l’air d’un flop. À vrai dire, on aurait dû s’y attendre un peu.
Même si la rencontre initiée par des autorités religieuses, pour aplanir les divergences entre le gouvernement et certains partis et acteurs de la société civile réticents à participer au dialogue inter-guinéen, avait nourri de l’espoir au sein des populations.
Après avoir réussi à repousser la manif de rue que comptait organiser ces derniers l’autre semaine, le grand imam de Conakry et des personnalités religieuses sont parvenus à réunir autour d’une table les parties en désaccord.
Coté gouvernement, une forte délégation conduite par le Premier ministre Dr. Bernard Goumou qu’il faut bien le reconnaître, n’a eu cesse de multiplier les gestes de bonne volonté ces derniers temps. Il a sillonné tous les QG des partis politiques, visité les sièges des activistes de la société civile pour prêcher la bonne parole, véhiculer le message du Président Mamadi Doumbouya appelant à un rassemblement des filles et fils du pays pour une transition apaisée et réussie.
En face, une coalition de partis et de la société civile sous la dénomination de « Forces vives de Guinée » (FVG), formée principalement autour de trois entités politiques : le RPG/AEC, l’ancien parti au pouvoir du président déchu Alpha Condé, dont de nombreux ex collaborateurs ont actuellement maille à partir avec la justice ; l’UFR de Sidya Touré et l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, deux anciens Premiers ministres en exil qui se sont vu exproprier leurs résidences, dont l’acquisition est considérée comme illicite par les nouvelles autorités. Le second est en plus inculpé par la justice dans une sombre affaire de corruption présumée.
Justement, pour de nombreux analystes, la croisade contre la corruption et la prédation des biens publics, lancée par le colonel Mamadi Doumbouya et le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) au lendemain du 5 septembre 2021, est la véritable (et inavouable) source de la discorde.
Si dans le chapelet de revendications, qui feraient penser aux fameuses poupées russes emboîtées les unes dans les autres, on retrouve l’exigence d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel, il est réclamé l’arrêt ou une mise en berne des procédures judiciaires visant des responsables appartenant à cette coalition de partis. Autant dire, tordre le cou au sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs et ranger dans le registre des vœux pieux le louable et nécessaire travail d’assainissement de la gestion publique dans un pays qui en a tant besoin.
Il est évident que le CNRD et le gouvernement ne sont pas dupes, même s’ils multiplient les preuves d’une grande disponibilité sans pour autant toucher à l’intouchable : leur profession de foi et le respect de la promesse faite aux Guinéens de leur laisser au terme de la transition un pays assaini avec un leadership cleen.
On peut en être certain, le Premier ministre qui n’est pas du genre à baisser les bras face aux obstacles, va continuer à tendre la main aux différents acteurs socio-politiques afin de trouver un terrain d’entente, sans compromettre ce pour quoi le Colonel Mamadi Doumbouya et ses compagnons ont pris leurs responsabilités un certain 5 septembre, et sont aujourd’hui dans le cœur de l’immense majorité des Guinéens.
Il faut ose espérer que de l’autre côté, l’on finira par se rende à l’évidence que ces appels à l’insurrection, même couverts du vernis de « manifestation pacifique », n’ont aucune chance de pouvoir infléchir la position du pouvoir sur ce point précis, qui reste essentiel à ses yeux.
AGP