ÉDITORIAL : La CEDEAO et le Dillem NIGERIEN

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La crise politique en cours au Niger a placé la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) devant un choix crucial : faut-il opter pour la voie diplomatique ou se laisser emporter par la fureur des armes ? Alors que l’ultimatum lancé par la CEDEAO a expiré sans que le  CNSP ne ramènent le président élu au pouvoir, la question de l’intervention militaire divise profondément la région.

En interne, la CEDEAO fait face à des dissensions, certains pays tels que le Mali, le Burkina Faso et la Guinée s’opposant fermement à une intervention militaire. Les deux premiers ont même menacé de quitter l’organisation en cas de passage à l’acte, considérant toute attaque militaire contre les nouvelles autorités du Niger comme une déclaration de guerre. D’autres voix, parmi lesquelles les États-Unis, l’Italie, l’Algérie, le Tchad et la Russie, ont également plaidé en faveur d’une solution diplomatique et du dialogue pour résoudre la crise.

En revanche, d’autres pays comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal se sont déclarés prêts à fournir des troupes pour une éventuelle force ouest-africaine. Cependant, au Nigeria même, perçu comme le fer de lance d’une telle opération militaire, le Sénat reste réticent à une implication du pays dans une entreprise de ce genre. Le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, et ses pairs se retrouvent ainsi face à un véritable dilemme cornélien.

Il est évident pour tous que permettre à ce énième coup d’État de prospérer ouvrirait la voie à d’autres velléités similaires, menaçant de propager les putschs à travers toute la région, voire une grande partie du continent. Cependant, en l’absence d’un consensus clair sur la question et confrontée à des défis logistiques majeurs, il est fort probable que la CEDEAO privilégie la voie diplomatique tout en maintenant les sanctions déjà imposées. Même si cette décision risquerait de ternir quelque peu l’image de fermeté que l’organisation a affichée depuis le début de cette crise.

Puisqu’en fin de compte, il est difficile d’imaginer comment un pays aussi pauvre et vulnérable que le Niger pourrait résister à une telle panoplie de sanctions. La CEDEAO doit donc faire preuve de sagesse et d’un leadership diplomatique solide pour résoudre cette épineuse crise. La voie des armes ne peut être qu’un dernier recours, et la recherche d’une solution pacifique doit primer afin de préserver la stabilité de toute la région ouest-africaine.

 François MARA :