Au crépuscule d’une carrière prodigieuse, Lionel Messi a pris pour la huitième fois la lumière lors de la cérémonie du Ballon d’Or, lundi au théâtre du Châtelet à Paris, où l’Espagnole Aitana Bonmati a fait son entrée au panthéon du football.
Et à la fin, c’est Messi qui gagne: sacré champion du monde pour la première fois fin 2022 au Qatar, auteur de sept buts au cours du tournoi, dont un doublé en finale, l’Argentin de 36 ans a devancé sur le podium le Norvégien Erling Haaland et le Français Kylian Mbappé.
Après 2009, 2010, 2011, 2012, 2015 et 2019 avec le Barça et 2021 déjà sous les couleurs du PSG, Messi ajoute une ligne de plus à un palmarès époustouflant qu’il a parachevé en 2021 et 2022 par une première Copa America et donc le Graal mondial.
« C’est un cadeau à toute l’équipe d’Argentine pour ce que nous avons accompli », a déclaré Messi sur scène après avoir reçu son prix des mains de David Beckham, le copropriétaire de l’Inter Miami, son nouveau club.
Il a dédié son trophée à la légende argentine Diego Maradona, qui aurait fêté son 63e anniversaire lundi: « Joyeux anniversaire Diego. C’est pour toi aussi ».
Ses jeunes dauphins de 23 et 24 ans avaient pourtant des arguments. Inscrivant 52 buts en 53 matches pour sa première année en Angleterre, Haaland a offert sa première Ligue des champions à Manchester City, mais aussi la Premier League et la Coupe d’Angleterre pour compléter un triplé étincelant.
Vice-champion du monde avec la France, Mbappé a lui fini meilleur buteur de la compétition (8), une unité devant Messi, dont un triplé de grande classe en finale. Champions de France avec le PSG, Mbappé comme Messi ont en revanche échoué en Ligue des champions.
Mais c’est bien la finale dantesque du Mondial, le 18 décembre au stade de Lusail, et son issue (3-3, 4-2 aux t.a.b.) qui a fait la différence pour la « Pulga », qui améliore son record avec désormais trois Ballon d’Or de plus que Cristiano Ronaldo (5).
L’issue de la finale et donc de ce Ballon d’Or aurait pu être différente sans Emiliano Martinez, auteur d’un arrêt décisif face au Français Randal Kolo Muani et élu meilleur gardien de la saison lundi (Trophée Yachine). Auteur d’une célébration clownesque après le titre mondial, il a été hué par une partie du théâtre.
Bellingham, meilleur jeune
Depuis 2008 (premier trophée pour Ronaldo) et 2009 (premier pour Messi), les deux ogres du football mondial ont cannibalisé la récompense France Football: seuls Luka Modric en 2018 et Benzema l’an dernier ont ramassé les miettes.
L’avenir dira si cette énième récompense individuelle est la dernière pour celui qui joue désormais en MLS à Miami, dans un championnat bien moins relevé.
Toujours est-il que l’enfant de Rosario a toujours faim: Messi (178 sélections, 106 buts) compte participer à la Copa America-2024. Son chant du cygne. A moins qu’il ne pousse jusqu’au Mondial-2026…
Si le foot voit progressivement s’achever l’ère Messi-Ronaldo, la relève est assurée avec Haaland et Mbappé, les deux meilleurs buteurs de la saison avec respectivement 56 et 54 buts en club et en sélection.
Rendant hommage aux gloires du passé Pelé, Luis Suarez et Bobby Charlton, disparues ces derniers mois, la cérémonie a aussi profilé l’avenir à travers l’Anglais Jude Bellingham, 20 ans, élu meilleur jeune de l’année (Trophée Kopa) deux jours après son doublé avec le Real Madrid, son nouveau club, lors du Clasico à Barcelone (2-1).
Bonmati, l’évidence
Chez les femmes, l’Espagnole Aitana Bonmati a été couronnée pour la première fois, à 25 ans, succédant à la double lauréate et coéquipière en sélection et au Barça Alexia Putellas.
Une preuve supplémentaire de la domination actuelle de l’Espagne, victorieuse de la Coupe du monde 2023, et du club catalan, qui a remporté la Ligue des champions 2023 et 2021. La milieu de terrain a été élue meilleure joueuse des deux compétitions.
« Il est difficile de faire mieux. C’est une année unique », a-t-elle déclaré à plusieurs médias, dont l’AFP.
« Si quelqu’un m’avait dit quand j’étais petite que je jouerais au Camp Nou, que je gagnerais la Coupe du monde, deux Ligues des champions, un Ballon d’Or, un prix de l’UEFA, ce sont des choses extraordinaires », a-t-elle ajouté.
Adoubée par Pep Guardiola qui la surnomme « l’Iniesta du football féminin », la Catalane a aussi remporté les quatre derniers championnats d’Espagne. Celle qui a grandi en admirant le grand Barça et la grande Espagne du tournant des années 2010 a fait de son rêve une réalité.
AFP