La récente 64e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO a, entre autres, mis en lumière la question cruciale de la transition politique dans certains pays tels que le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger. Parmi eux, la Guinée a suscité moins d’attention, mais elle n’en est pas moins sujette à des reproches.
En effet, on lui reproche principalement un manque d’actions significatives dans la mise en œuvre du chronogramme dynamique qu’elle avait établi en collaboration avec la CEDEAO. Ce chronogramme, prévu sur une période de 24 mois jusqu’en septembre 2024, soulève des interrogations non pas à cause d’une quelconque mauvaise foi de Conakry, mais plutôt du fait d’un manque de suivi et d’évaluation, en particulier de la part du médiateur désigné par l’organisation. Celui-ci semble plus préoccupé par la situation politique et les activités de son parti au Bénin, son pays, dont il est l’un des anciens présidents et actuel leader politique majeur.
Pourtant, la CEDEAO avait promis d’aider la Guinée à mobiliser les financements nécessaires pour mener à bien les dix étapes du chronogramme, représentant un montant de 600 millions de dollars américains. Malheureusement, l’organisation sous-régionale n’a plus donné signe de vie depuis lors. Il est vrai que la CEDEAO avait beaucoup à faire en raison de l’évolution de la situation au Sahel, marquée par le coup d’État militaire au Niger et la détérioration des relations avec le Mali et le Burkina Faso. Cette réaction du sommet d’Abuja semble être une tentative quelque peu maladroite de revenir sur un terrain qu’elle avait auparavant délaissé. Un peu comme essayer de se prévaloir de ses propres turpitudes…
Cependant, il convient de souligner que la Guinée n’a pas attendu la CEDEAO pour s’engager sur la voie tracée par le chronogramme. Elle a déjà entrepris des actions palpables concernant le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), ainsi que le recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC) qui en constituent les deux premiers paliers. De plus, tandis que le projet de la nouvelle constitution est attendu sous peu, la deuxième phase du dialogue national inter-guinéen vient d’être lancée, dans le but de faciliter un retour à l’ordre constitutionnel de manière pacifique, consensuelle et inclusive.
Dans un esprit de sérénité, les autorités de transition en Guinée sont déterminées à mener à bien leur mission en collaboration avec tous les partenaires, notamment la CEDEAO, dont elles attendent les prochaines visites du médiateur et des émissaires de la troïka mise en place à cet effet, et conduite par le président béninois Patrice Talon.
On ne pouvait pas attendre moins du pays d’un Colonel Mamadi Doumbouya, homme de parole et de conviction.
François MARA