Au Nigeria, charia et paris sportifs ne font pas bon ménage

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La police islamique de Kano, dans le nord-ouest du Nigeria, a annoncé qu’elle allait réprimer de plus belle les paris sportifs, après une décision de la Cour suprême.

La plus haute juridiction du pays a annulé vendredi une loi de 2005, qui avait créé une Commission nationale de loterie et légalisé les paris sportifs et les jeux d’argent, laissant à chaque Etat le soin de continuer ou non à les autoriser. « Nous allons reprendre avec une nouvelle détermination notre combat contre les magasins qui propose des paris sportifs, ces paris étant illégaux en vertu de la charia de l’État de Kano », a déclaré dans la foulée Abba Sufi, l’un des chefs de la police islamique (hisbah) de Kano, capitale de l’Etat.

D’après M. Sufi, la police a déjà fermé en octobre plusieurs dizaines de ces magasins très populaires, à la suite de plaintes répétées de parents se plaignant de l’addiction croissante de leurs enfants aux paris sportifs. Kano est l’un des douze États du Nord du Nigeria à prédominance musulmane où la charia (loi islamique) s’applique parallèlement au droit commun. En octobre, la Commission nationale de la loterie avait demandé à la police islamique de Kano de respecter la loi fédérale de 2005 et de cesser de fermer des boutiques proposant des jeux de hasard.

Mais la Cour suprême a estimé vendredi que le Parlement fédéral n’avait finalement pas les pouvoirs requis pour statuer sur cette loi et l’imposer aux 36 Etats du pays. Selon M. Sufi, la Cour suprême a ainsi mis fin au débat en jugeant que ce sont les États fédérés, et non le pouvoir fédéral, qui ont la responsabilité de la législation sur les loteries.

Environ 200 magasins proposent des paris sportifs à Kano, deuxième plus grande ville du Nigeria, équipées d’écrans de télévision sur lesquels les clients regardent les résultats des matchs de football internationaux et des courses de chevaux, a expliqué Sydney Emeafu, directeur du National Union of Gaming and Lottery Workers (NUGLOW) à Kano. « Le climat économique difficile pousse de plus en plus de personnes à parier sur le football, dans l’espoir de gagner de l’argent facilement et finissent accros », a expliqué M. Sufi.

AFP