Il y a de cela une semaine environ, lorsque la presse locale faisait état d’un vol rocambolesque des copies de l’épreuve écrite de l’examen de sortie des écoles techniques et professionnelles pour l’année scolaire 2020.
Selon les convoyeurs desdites copies, ils en auraient été attaqués et dépouillés par des malfrats pensant que les colis contenaient de l’argent !!
À part la défaillance et la négligence sécuritaires qui auraient pu être à la base de cet incident malheureux et au-delà des justifications et des interprétations des uns et des autres, beaucoup de zones d’ombre de cet incident inopportun demeure. Cependant, il va de soi de reconnaître que cet incident est une illustration parfaite de la nécessité impérieuse de la refonte intégrale du système éducatif guinéen. Une refonte censée remédier non seulement aux tares structurelles, mais aussi aux maux fonctionnels et conceptuels qui l’ont gangrené des années durant.
L’impertinence, l’inefficacité, et l’impuissance sont les preuves et les signes palpables et tangibles du caractère rétrograde et de l’incompétence du système éducatif guinéen. En d’autres termes, ce système est à la fois impertinent, inefficace, impuissant et inopérant depuis des décennies. Ces différentes insuffisances séculaires sont elles-mêmes imputables à l’indifférence et à l’inaction des différents régimes. Et pourtant, il est incontestable et indéniable que le développement et le progrès dépendent entièrement du système éducatif. Autrement dit, le niveau du progrès d’un pays se mesure sur la base de celui de son système éducatif. Car, tant vaut l’école tant vaut une nation !!
Oui, ce système éducatif est sans conteste inefficace, parce qu’il n’arrive plus à produire des cadres compétents, qualifiés et capables de résoudre les problèmes sociaux et économiques fondamentaux auxquels le pays est confronté. Aucune réforme digne de ce nom n’est encore venue inverser cette tendance.
Ce système est naturellement impuissant parce qu’il n’a pas été capable de former les cadres et les agents des changements positifs dont le pays a besoin ; des cadres et des agents équitables, adéquatement équipés, ayant une grande maîtrise des nouvelles technologies de l’information et de l’information.
Ce système est assurément inopérant parce qu’il continue à se cramponner aux techniques d’enseignement et d’apprentissage de temps anciens frappées d’obsolescence et, donc à faible rendement.
Ce système est certainement impertinent parce qu’il continue à ignorer non seulement les nouvelles réalités mais aussi les besoins réels des élèves et étudiants notamment leur attachement aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. En plus ce système continue à insister sur l’utilisation incompréhensible des mêmes méthodes d’évaluation et d’enseignement prouvés très ineptes et obsolètes. Les centres d’informatique et les nouvelles technologies de l’information et de la communication n’existent pratiquement pas dans nos écoles. Les élèves de l’enseignement de base n’ont ni l’opportunité ni la chance d’apprendre comment manipuler les claviers d’un ordinateur !!
Les étudiants des universités publiques sont malheureusement et de manière incompréhensible, privés de l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication durant tout le temps de leur formation dans ces temples guinéens du savoir.
Les élèves et les étudiants de l’intérieur du pays semblent encore être dans la totale ignorance du fait que l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication est un droit naturel, dont ils ne sauraient se priver, ni être privés!
L’impertinence de notre système se manifeste par son obstination à mythifier et à s’accrocher aux anciennes méthodes d’évaluation, particulièrement les examens finaux.
Aujourd’hui, il n’est un secret pour personne que les pouvoirs publics continuent à dépenser chaque année des milliards de nos francs pour organiser ces examens finaux avérés qui ont fait la preuve de leur improductivité et de leur inutilité.
Et pourtant, ces milliards auraient pu être utilisés pour construire non seulement des milliers de salles de classe et des amphithéâtres dans les écoles et universités publiques, mais aussi pour construire des centres informatiques dans les établissements scolaires et universitaires.
Ces milliards auraient pu être également utilisés pour améliorer les conditions de vie très piteuses et inadmissibles du corps enseignant censé être lôti dans des conditions plus confortables et plus respectueuses à cause de la noblesse de ce qu’il incarne et du sacrifice qu’il consenti pour la nation.
Autrement dit, au lieu de dépenser chaque année des dizaines de milliards pour acheter non seulement des matériels logistiques, mais aussi payer des primes d’examen, de supervision et de correction, les pouvoirs publics devraient désormais consentir d’orienter ces milliards pour qualifier le système, et faire ainsi face dans l’urgence à ses véritables tares et aux maux qui l’accablent.
Aussi, la pléthore du nombre dans les salles de classe et dans les amphithéâtres reste et demeure l’un de maux majeurs compromettant pour la qualité de formation et l’efficacité du système. La correction de cette anomalie semble être plus faciles et des moins coûteuses si on sait s’y mettre. En effet, la construction de salles de classe pourrait être couverte par les milliards dépensés chaque année pour financer l’organisation des examens finaux pour les différents cycles de l’enseignement pré universitaire et de l’enseignement technique.
En plus, il va falloir mettre fin à l’utilisation abusive du corps enseignant obligé de faire directement ou indirectement le travail des plusieurs personnes à la fois. C’est-à-dire que la pléthore d’élèves dans les salles de classe conduit nécessairement à une utilisation injuste de l’enseignant par rapport à cette pléthore.
En effet, si la taille normale d’une salle de classe est de 50 élèves, cela signifie qu’un enseignant qui enseigne dans une salle de classe composée de plus de 150 élèves et étudiants est en train de faire indirectement un travail susceptible d’être fait par trois personnes. Malheureusement pour ce dernier, il ne reçoit en retour que le salaire d’une seule personne en lieu et place des trois personnes. Quelle injustice !!
Cette injustice et cet abus devraient être corrigés par l’amélioration des conditions de vie, sanitaires et matérielles, à travers les salaires conséquents et adéquats en lieu et place des primes colossales destinées inutilement aux examens finaux chaque année.
En tout état de cause, le système éducatif devrait réorienter les budgets annuels colossaux alloués aux examens finaux, procéder à une réallocation de ces budgets sur la base des critères énoncés ci-dessus, à nos yeux plus justes et plus rationnels et donc plus réels. Ces examens devraient devenir une partie intégrante des évaluations mensuelles et normales. Il est inutile de continuer à exposer nos chers enfants à la terreur et à la peur qui accompagnent l’organisation de ces examens. Il est inadmissible de continuer à croire à l’efficacité de cette méthode d’évaluation sujette aux corruptions à ciel ouvert de par la fuite des sujets et par les corrections fantaisistes des épreuves.
Il est totalement inadmissible de prendre ces examens finaux comme la base unique d’évaluation des critères de réussite et d’échec d’un élève en lieu et place des évaluations mensuelles continuelles.
Oui, les enfants d’aujourd’hui ne devraient pas être traités de la même manière qu’on traitait les élèves des années 80, 90 voire 2000. Le temps a changé. La méthode doit forcément changer.
Nos chers enfants méritent de bénéficier des retombées de la troisième révolution dans les domaines de la communication et de l’information.
En espérant et formulant le vœu ardent que cette année soit la dernière année de rayonnement des examens finaux dans notre pays, une année qui verra notre système d’évaluation actuel dépouillé de tous ses maux et de toutes ses tares.
C’est aussi le lieu de formuler le vœu si cher à notre cœur de voir nos chers enfants maîtriser les nouvelles technologies de la communication et de l’information mais aussi de maîtriser les langues anglaise, arabe et espagnole à côté de la langue française.
Nous sommes optimistes et confiants quant à la réalisation prochaine de ces vœux légitimes.
Je souhaite une bonne réussite encore une fois, aux chers candidats au BEPC, au Bac et aux examens finaux des écoles professionnelles et techniques.
Professeur Koutoubou Moustapha SANO
PhD in Laws