Le gouvernement accuse Berdei Targuio, un militant connu des droits de l’Homme, qui a été placé « sous mandat de dépôt ».
Les autorités tchadiennes ont affirmé jeudi dans un communiqué avoir déjoué une « tentative de déstabilisation » visant à porter atteinte à l’ordre constitutionnel et aux institutions de la République ».
« Ce plan a été élaboré par un groupe restreint de conspirateurs composé de onze officiers de l’armée avec à sa tête le nommé Baradine Berdei Targuio, président de l’organisation tchadienne des droits humains (OTDH) », a assuré le gouvernement, précisant que les services de sécurité avaient procédé à leur « interpellation à partir du 8 décembre 2022 ».
Selon Aziz Mahamat Saleh, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, « une information judiciaire a été ouverte contre ces personnes pour atteinte à l’ordre constitutionnel, association de malfaiteurs, détention illégale d’armes à feu et complicité ».
« Le juge d’instruction en charge (…) a procédé à leur inculpation (…) en les plaçant sous mandat de dépôt », souligne le communiqué de ses services.
« La procédure judiciaire suit son cours et le gouvernement entend faire toute la lumière sur cette affaire et situer les responsabilités », conclut le ministre.
En février 2021, Baradine Berdei Targuio, avait été condamné à trois ans de prison pour atteinte à l’ordre constitutionnel pour avoir écrit que le président d’alors, Idriss Déby Itno, mort en avril 2021 et père de l’actuel président Mahamat Idriss Déby Itno, était « gravement malade » et « hospitalisé ».
M. Berdei Targuio est un militant connu des droits de l’Homme au Tchad et l’OTDH a été créée en 2006. Il était régulièrement l’auteur de critiques à l’égard du chef de l’Etat et du régime sur les réseaux sociaux.
Propulsé au pouvoir à la mort de son père tué au front contre des rebelles le 20 avril 2021 après avoir dirigé le pays d’une main de fer pendant 30 ans, le général Mahamat Déby avait dissous le Parlement, limogé le gouvernement, abrogé la Constitution et promis de rendre le pouvoir aux civils lors d’élections « libres et démocratiques ».
Le 1er octobre 2022, le Tchad a prolongé de deux ans maximum sa période de transition vers des élections, en maintenant à la tête de l’Etat Mahamat Déby qui sera autorisé à briguer la présidence.
Le 20 octobre, une manifestation contre le pouvoir et l’extension de la période de transition avait fait une cinquantaine de morts, selon les autorités, essentiellement dans la capitale, quand les forces de l’ordre avaient ouvert le feu sur la moindre tentative de rassemblement.
Le pouvoir avait alors reconnu l’arrestation de 601 personnes dans la capitale et leur transfert dans la prison de haute sécurité de Koro Toro. Le chef de l’Etat les avait accusés d’avoir voulu mener une « insurrection » et une tentative de « coup d’Etat ».
Depuis son indépendance de la France en 1960, l’histoire du Tchad est pavée de coups d’Etat et d’offensives rebelles.
AFP