A la barre depuis le lundi 20 mars 2023, Amadou Oury Bah, président de la commission d’organisation de la manifestation du 28 septembre 2009 et ancien ministre de la Réconciliation nationale continue de comparaître devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry, pour donner sa version des faits sur les événements malheureux du 28 septembre 2009 au stade du même nom.
Dans ses délations Monsieur Bah Oury a affirmé lorsque qu’il était au niveau des gradins au moment où les autres parlaient, qu’il a remarqué que deux jeunes qui avaient quelque chose comme un masque de fer. « Ça m’a étonné. Un autre qui était avec lui avait autre chose qui semblait bizarre dans le cadre de ce que nous avions indiqué comme dispositifs à prendre, mais je n’ai pas trop accordé de l’importance. C’est dans ce processus que les détonations, les grenades lacrymogènes et des coups de feu qu’on a entendus et vus comme de petits moineaux, la plupart des gens qui étaient sur la pelouse, chacun cherchait à fuir. Quelque temps après, on a vu des militaires, principalement des bérets rouges, venir en face des responsables pour nous demander à ce qu’on descende», dira Bah Oury, et de poursuivre : « Celui qui a exprimé de manière formelle « descendez » c’était le commandant Toumba Diakité. Les coups pleuvaient, mais je ne peux pas dire de manière précise ce qui s’est passé à côté de moi, parce que c’était une question de vie et de mort. Et il fallait être lucide, pour ne pas paniquer et aller dans une direction qui n’était pas la bonne. M. Cellou Dalein Diallo avait reçu des coups et était à terre. Un coup de fusil avait blessé son garde de corps. Lorsque Commandant Toumba amenait les autres leaders pour les faire sortir de la pelouse, le fait que M. Cellou Dalein était à terre, j’ai demandé à un de nos militants, Abdoulaye 3 de prendre El hadj Cellou et de le sortir d’ici. L’autre équipe avec les leaders étaient déjà partis. Nous nous sommes retrouvés derrière et malgré les coups qui pleuvaient, nous avons réussi à le sortir de la pelouse. On était poursuivis par des gens qui avaient des armes blanches et un qui avait vraiment un long bâton. C’est à ce moment-là que j’ai aperçu le colonel Tiégboro. Comme je le connaissais, je lui ai fait signe et il est venu vers nous. Lorsqu’il est venu vers nous, ceux qui nous agressaient ont cherché autre chose à faire. Le colonel Tiégboro a pris sa responsabilité en nous prenant en charge et il a hélé quelqu’un que je considère comme étant un des gardes de M. Sidiya Touré, de venir nous aider à prendre M. Cellou Dalein Diallo. C’est comme ça qu’on est sorti » a-t-il ajouté.
Pendant la phase interrogatoire Me Pépé Koulémou, un des conseils du capitaine Moussa Dadis Camara a demandé à Bah Oury s’il peut dire à la barre que les forces vives sont les conceptrices des évènements du 28 septembre qui ont fait plus de 150 morts selon les organisations de défense des Droits de l’Homme.
En réponse, Bah Oury dira : « Nous avons organisé une manifestation pacifique, d’autres ont organisé un massacre ».
Plus loin, Bah Oury indique que ce sont les propos de Moussa Dadis Camara : « je peux ôter ma tenue et me présenter » et « Dadis ou la mort » de Moussa Keïta, ex-secrétaire permanent du CNDD qui ont conduit à l’organisation de la manifestation pacifique du 28 septembre 2009.
L’audience se poursuivra le mercredi, 22 mars 2023
Kalifatou Doumbouya
00224 624 693 155