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Chronogramme de la transition : « on est déjà en retard, notamment en termes de mobilisation des ressources » (Lansana Kouyaté)

Ces derniers temps, plusieurs observateurs s’interrogent sur l’état d’avancement du chronogramme de la transition en Guinée. Notamment la mobilisation des ressources pour le financement des activités devant aboutir à l’organisation des élections crédibles et transparentes à la fin de cette période d’exception que traverse notre pays. Conscient de cet état de fait, le gouvernement à travers le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) a cru bon de partager avec les acteurs sociopolitiques ainsi que des partenaires l’état d’avancement de la mise en œuvre des dix activités du chronogramme dynamique conclut avec la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Ledit chronogramme prévoit la fin de la transition en décembre 2024. Cependant certains observateurs commencent à se poser des questions sur un éventuel glissement de calendrier. Pour en savoir d’avantage, notre reporter a tendu son micro à l’ancien premier ministre, Lansana Kouyaté, Présidant du parti de l’espoir pour le développement national (PEDN). Dans cet entretien qu’il a bien voulu accorder à votre quotidien, cet ancien haut responsable de la CEDEAO et des Nations-Unies clarifie les rôles et responsabilités du gouvernement et de l’institution sous régionale, identifie des pistes pour éviter des fraudes électorales lors des prochaines élections. Il encourager les guinéens à compter d’abord et avant tout sur leurs propres efforts pour un développement harmonieux de notre pays.

Horoya : M. le Président, ces derniers temps on a peu de lisibilité sur le chronogramme de la transition en Guinée et il y a risque de durcissement de tons au niveau de la CEDEAO. Quelle est votre lecture de cette situation ?

Lansana Kouyaté : Je vous remercie. Ma lecture est que c’est un accord dynamique que le gouvernement guinéen a eu avec la CEDEAO et une répartition des tâches. Le gouvernement guinéen s’est engagé à faire ce que la CEDEAO a proposé. C’est-à-dire la transition sur 24 mois sinon le CNRD et le CNT prévoyaient 36 mois comme vous le savez. Au finish, l’institution sous régionale et le gouvernement se sont entendus sur 24 mois. C’est la tâche dévolue au CNRD et au gouvernement de mettre en œuvre dans les conditions pacifiques de dialogue. Alors, ce qui était dévolu à la CEDEAO, c’était de mobiliser les ressources pour le financement des activités du chronogramme. Mais à ce jour, la CEDEAO n’a pas fait cela. Ce n’est pas seulement du côté du gouvernement ou du CNRD, c’est aussi du côté de cette organisation sous régionale.

Pour nous, ce qui importe, c’est que le président de la transition a dit plus d’une fois qu’ils ne feront pas un jour de plus au terme du délai et qu’à la fin de la transition, ils vont quitter. Mais cela commence à inquiéter même si ce n’est pas leur départ qui inquiète mais comment respecter les 24 mois. Comme vous l’avez dit, il y a des signes qui ne trompent pas. Notamment le recensement administratif à vocation d’état civile (RAVEC) n’est pas obtenu encore. Sans oublier les autres aspects liés aux élections communales, législatives et présidentielles, rien de tout cela n’est clair. On a eu à rencontrer le ministre de l’administration du territoire, ce qu’il nous a donné prouve qu’on est déjà en retard, en retard aussi dans la mobilisation des ressources. Si on ne trouve pas des solutions, cela rentrera en contradiction avec l’engagement du président de la transition qu’ils ne feront pas un jour de plus.

Justement, selon vous quels sont les aspects de la transition qu’il faut absolument améliorer ?

Les aspects à améliorer, ne tuons pas l’objectif final à cause des problèmes sous-jacents. On veut quoi pendant une transition ? La date est limitée, un chronogramme est donné, respectons et la date et le chronogramme.

Le MATD a procédé récemment à un contrôle au niveau des partis politiques sur le respect des textes régissant cet exercice dans notre pays. Dites-nous comment se porte le PEDN ?

Nous sommes sur le terrain. Tous ceux qui pensent autrement se trompent. L’équipe du MATD qui est passé dans beaucoup de partis, on constate que les 200 et quelques partis se réduisent comme peau de chagrin. Cette équipe est venue ici pour une heure de temps, a-t-elle dit. Mais les membres de cette équipe ont fait 4 h 30 minutes. Parce qu’ils ont vu comment le PEDN est organisé, comment nous avons respecté le texte de base de la création d’un parti politique. On a notre siège que vous voyez, est-ce qu’il y a un siège plus confortable qu’ici, je pense que non. Nous travaillons au sein de notre coalition, la convergence centriste pour l’espoir (CCE). Tous les documents administratifs et comptables sont à jour chez nous. Les PV du bureau exécutif, de l’assemblée générale, des jeunes, des femmes et tous les autres sont bien tenus. Quand ils ont constaté tout ça, je pense que le parti qui respecte le mieux les termes de leur création, c’est nous PEDN. On a les comptes bancaires, on un chéquier, on a la permanence sans oublier les gens qu’on a installé à l’intérieur, les sections, les sous-sections. Ce jour- là, ils les ont tous identifiés un à un avec des appels. Il y a une seule fédération qu’ils n’ont pas eue par appel, celui de Pita je croie. C’est pourquoi, je dis que les gens seront surpris d’être étonné à la fin.

Les élections organisées ces dernières années en Guinée sont émaillées de fraudes souvent dénoncées par des candidats dont le PEDN. Selon vous, quelle est la solution pour éviter ces fraudes lors des prochaines élections ?

Premièrement, nous sommes d’accord avec l’arrêt d’une CENI qui finalement se laisse guider par les autorités en place. Cela a été toujours comme ça en Guinée. Pour moi, le meilleur système c’est de laisser le MATD organiser les élections mais avec une surveillance pointue. Je crois que c’est ce qui a été adopté par le cadre de dialogue inter-guinéen. Cela réussit au Sénégal, au Seychelles, au Cap-Vert, pour quoi pas ici ?

Mais il y a une chose importante, c’est de permettre la synchronie de tous les organes de presse qui doivent fortement assister de sorte que si un bureau fini son décompte, la presse est là pour relayer tout de suite. Et quiconque parmi les médias qui défient ce qui est exposé doit être sanctionné. Au Sénégal c’est le suivi-là qui permet de savoir qui est en avance et qui n’est pas en avance. Le cas du général Lamine Cissé alors ministre de l’intérieur et de la sécurité au Sénégal en 2000 a été un bon exemple lorsqu’il a organisé les élections et déclaré le président sortant Abdou Diouf battu. Cela demande un travail très fort de préférable avec des professionnels du domaine au sein du MATD, moi je ne compte pas sur les CENI. On a eu beaucoup d’expériences avec ça lors des quatre élections auxquelles nous avons participé.

Votre message aux citoyens guinéens ?

Je dis aux citoyens guinéens, à la population que le bonheur ne sera jamais acquis si chacun de nous ne se remet pas en cause individuellement. Le problème c’est nous intrinsèquement, individuellement. Il faut que les guinéens sachent qu’on ne peut pas passer tout son temps à l’assistanat, on ne peut passer tout son temps à tendre la main, il faut travailler. Le culte du travail doit exister, sans travail, il n’y a pas de vie. Quelles sont les conditions qu’il faut pour que ce travail ait lieu ? Qu’est-ce-que l’Etat doit faire ? Qu’est-ce-que chaque individu doit faire ? Il faut que tout ça soit défini. L’Etat doit faire une bonne distribution du revenu par tête d’habitat et que toutes les classes soient concernées.

Merci M. le Président

C’est moi qui vous remercie.

Interview réalisée par

Alhassane Barry