Le 5 septembre 2021, la quasi-totalité des guinéens ont applaudi la prise de responsabilité des forces de défenses et de sécurité de la Guinée réuni autour du CNRD. Deux ans après, plusieurs actions ont été menées par le Chef de l’Etat, Colonel Mamadi Doumbouya et son gouvernement. Des choses impensables peu avant deviennent des réalités. C’est le cas notamment de l’organisation en cours du procès des évènements du 28 Septembre, la création et la mise en service de la CRIEF mais aussi de la réalisation des infrastructures, la liste est longue. Même si dans certains domaines, il impératifs de rectifier des choses à temps. Notamment le dialogue politique. Pour en savoir d’avantage, notre reporter a tendu son micro son micro au président du parti UDRG, Amadou Oury Bah dit Bah Oury, par ailleurs président de la coalition alliance pour la démocratie et le renouveau (ADRG). Dans cet entretien qu’il a bien voulu accorder à votre quotidien, l’ancien ministre revient sur les activités phares menées sous l’égide du CNRD avec à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya. Mais aussi et surtout sur la nécessité d’améliorer le dialogue politique.
Horoya : Il y a deux ans le CNRD gère notre pays. Quelle est votre lecture sur la gestion du pays depuis la chute de l’ancien régime ?
Amadou Oury Bah : Vous savez la chute du régime de M. Alpha Condé est consécutive à sa volonté effrénée de procéder à un changement anticonstitutionnel pour un troisième mandat. La période qui a accompagné ce processus a été marquée par des crispations politiques, des tensions sociales majeures. C’est également une période qui coïncidée à la fermeture des frontières entre la Guinée et certains pays limitrophes pendant plus d’une année. Donc sur le plan économique, social et politique la situation était particulièrement crispée. C’est pourquoi le 5 septembre était un ouf de soulagement pour l’écrasante majorité des guinéens. L’arrivée du CNRD au pouvoir a suscité un réel espoir de voir le pays aller dans le sens de la restauration des fondamentaux de la démocratie et de l’Etat de droit. Des actions majeures ont été engagées par la suite par les autorités de la transition. L’élaboration d’une charte qui avait déjà cadré l’essentiel des points à savoir ni les membres du CNRD, ni les membres du gouvernement, ni les membres du CNT ne vont compatir pour les prochaines élections à la fin de la transition. Et ça c’est un élément extrêmement important qui défriche pour une gestion relativement apaisée du processus. Le seul hic qui ne figurait dans la charte, c’était la fixation de la durée de cette transition. Malheureusement cela a amené beaucoup de tractations au niveau interne et au niveau régional entre notre pays et la CEDEAO. C’est pratiquement à la fin du mois d’octobre 2022 que la question de la durée de la transition a été réglée par un accord entre la Guinée et la CEDEAO. Ledit accord fixe la durée de la transition à 24 mois, à partir de janvier 2023 jusqu’à décembre 2024. Cela a retardé le lancement du processus politique de retour à l’ordre constitutionnel et les responsabilités sont partagées, je ne rentre pas dans les détails. Au-delà de cela, le CNRD, dans sa gestion des affaires du pays a marqué une volonté de rupture avec la manière dont le pays a été dirigé par le passé. De ce point de vue il y a des actions majeures qui ont été engagées. La mise en place de la CRIEF qui a amené à des interpellations de beaucoup de personnalités ayant été des piliers du régime de M. Alpha Condé et d’autres qui étaient des administrateurs, des cadres haut placés dans le circuit politico-économique du pays. C’est un acte très important dans notre pays où la corruption a gangrené la Guinée depuis très longtemps et qui est le principal vecteur de retard de la Guinée par rapport aux réalisations économiques, sociales et autres. Le second élément qu’il faut saluer c’est le lancement des assises nationales qui ont pour but la gestion de manière intelligente de la mémoire historique. C’est-à-dire la gestion du passif historique du premier régime jusqu’à nos jours pour permettre de panser les blessures, réconcilier les guinéens entre eux au regard de l’impératif de construire une nation solide réconciliée. Et il y a les recommandations pertinentes qui sont présentées au Président de la Transition et la mise en œuvre de certaines d’entre elles a déjà commencé. Ceci est très important. Le troisième aspect, c’est le fait d’organiser le procès des massacres du 28 septembre 2009 est une révolution en soi. Puisque c’est l’une des rares fois en Afrique que des anciens dirigeants soient devant la barre. Ceci est un élément fort et fondateur d’une autre perception que les guinéens auront du pouvoir politique des dirigeants actuels et futurs. Le procès du 28 Septembre 2009 est une révolution en soi.
Justement, votre avis sur le dialogue politique ?
Comme vous le savez, le dialogue politique a du mal à s’instaurer dans les esprits. L’esprit de dialogue est un élément qui n’est pas dans la mentalité de la classe politique de manière générale, je peux même dire de l’élite guinéenne. L’esprit de dialogue, de partage, de conciliation, d’écoute, une empathie vis-à-vis des autres n’est pas vraiment l’élément fort qui caractérise la mentalité des élites guinéennes. Tout au contraire c’est une culture marxiste, violente et d’une manière ou une autre empêche les bonnes idées d’aller jusqu’au bout dans les réalisations. Donc le dialogue politique a du mal à s’instaurer effectivement. Bien entendu il y a le dialogue inter-guinéen qui a fait 35 résolutions pour conforter la légitimité de l’accord entre la Guinée et la CEDEAO par rapport aux deux années. C’est bien mais l’esprit du dialogue qui doit prévaloir, c’est-à-dire tout au long du processus de la transition à tout moment des acteurs sociaux, politique y compris les autorités de la transition devraient être à même de se retrouver pour poser les problèmes et chercher ensemble comment contourner les difficultés majeures et comment tirer profit des meilleures pratiques et des meilleures idées qui peuvent provenir de tous les horizons. Donc le dialogue politique mérite d’être amélioré.
Qu’en est-il dans le domaine économique ?
Sur le plan économique je crois qu’il y a une volonté de changer les paradigmes. Par exemple on a vu en moins de 15 mois on a des infrastructures routières qui montrent que si on voulait, on pouvait. Donc, ça pose la question disons de sérieux et de la volonté des anciens dirigeants de ce pays qui pendant des années et des années ont laissé la pauvreté s’installer. De ce point de vue, le CNRD a montré que si veut on peut. Dans le cadre de la gestion des ressources minières bien que nous n’ayons pas encore des résultats tangibles, consolidés et durables. Mais il y a une volonté manifeste de remettre les pendules à l’heure. Par exemple le fait d’exiger que les 50% des revenus issu des activités minières soient rapatrié en Guinée, ça c’est pour conforter notre balance de paiement et c’est un acte qu’il faut saluer et encourager et qu’il faut approfondir pour trouver les mécanismes tout en préservant les intérêts des industriels miniers et aussi notre besoin d’avoir les revenus tirés de notre pays. L’idée étant d’avoir des résultats macroéconomiques en conformité avec ce que nous sommes en train de produire comme richesse. De l’autre côté, le fait que les industriels miniers de la bauxite définissent un agenda pour savoir quand-est-ce des industries de transformation de la bauxite en alumine pourrait être installé est une excellente dynamique pour permettre un processus d’industrialisation afin de rompre cette longue chaine de pauvreté qui anéantie beaucoup d’Etat africain. Ceux-ci sont des éléments extrêmement positifs et qui nécessite d’être prolonger dans le futur. Sans oublier le dossier Simandou qui est extrêmement stratégique et majeur pour l’intérêt national. Des travaux sont déjà engagés et nous souhaitons cette fois-ci que tout aille en conformité avec ce qui a été dit pour éviter des allers et retours. Si tout se passe bien à partir de 2026, la Guinée pourrait tirer un grand profit des revenus tirés du Simandou qui pourront être de l’ordre de 1,5 à 2 milliards de dollar par an.
Cela pourra permettre à la Guinée de sortir de cet état de pauvreté.
Donc pour un processus politique comme la transition tous les acteurs politiques, sociaux ou syndicaux doivent savoir qu’à un moment donné il faut privilégier l’intérêt général, l’intérêt national au détriment des intérêts purement j’allais dire égoïste.
Ceci n’est possible que si les autorités de la transition, du CNRD organe chargé de l’orientation stratégique de la politique actuelle, assume de manière ferme et déterminer ce qui est dans la charte de la transition, les accords entre notre pays et la CEDEAO. Et assumer aussi de faire de la volonté de cette transition la dernière afin que la Guinée qui est un géant endormi puisse se réveiller et aller dans le sens d’être la locomotive de l’Afrique de l’Ouest.
Interview réalisée par
Alhassane Barry