Le CNRD gouverne notre pays il y a de cela deux ans. Plusieurs observateurs expliquent l’arrivée au pouvoir des militaires par la crise sociale, politique née du troisième mandat du Pr Alpha Condé en 2020. Sur les deux ans de gestion du pays par le CNRD, les avis sont partagés.
Pour les uns, le bilan est largement positif eu égard aux nombreuses réalisations notamment dans les domaines des infrastructures et de la justice. Pour les autres le bilan est globalement négatif et les promesses du 5 septembre 2021 sont trahies.
Le parti de l’espoir pour le développement national (PEDN), de l’ancien premier ministre Lansana Kouyaté semble maintenir la même position depuis le début. Selon le responsable de communication du PEDN, Mohamed Cissé, l’espoir est permis.
« Il faut comprendre que le CNRD est arrivé dans un contexte de coup d’Etat constitutionnel. Le régime d’alors a fait voter des guinéens. Entre le vote et la promulgation il y a eu une vingtaine d’article de la constitution votée qui ont été changé. En terme clair on ne pouvait pas dire qu’on avait une constitution. C’est dans ce contexte que le CNRD a pris le pouvoir », rappelle le porte-parole de Lansana Kouyaté. Pour lui l’arrivé au pouvoir du CNRD n’est pas un coup d’Etat mais une éviction de commandement. Parce que le coup d’Etat constitutionnel était déjà en cours. C’est la raison pour laquelle son parti a dit vouloir tout mettre en œuvre dès le début pour que la transition réussisse. Toute chose qui nécessite la concertation, le dialogue bref le concours de tous les acteurs.
« Dès la prise du pouvoir, les nouvelles autorités ont demandé aux anciens ministres de déposer leur document de voyage. Ce qui est vraiment salutaire parce que d’habitude c’est la violence, la brutalité mais ils ont l’élégance vis-à-vis des anciens et l’ancien président a bénéficié d’un traitement digne d’un ancien Chef d’Etat à part le jour de la prise du pouvoir qui nécessitait aussi une certaine confirmation. Mais par la suite il était en résidence surveillée », explique cet économiste.
Plus loin, Mohamed Cissé apprécie bien certaines actions dans la gouvernance CNRD. Il s’agit entre notamment de l’organisation en cours du procès des évènements du 28 Septembre 2009 alors que certains accusés avaient fait une dizaine d’année sans procès ; de la création de la CRIEF, une des recommandations des politiques dans les mémos déposés au CNRD ; des actions de récupérations des domaines de l’Etat ; l’accélération de la construction des infrastructures. Dans le domaine minier M. Cissé souligne la relance des activités du mont Simandou à travers une renégociation de certaines choses qui donne d’avantage d’opportunités à la Guinée ; la décision de lancer la transformation des matières premières sur place pour avoir beaucoup plus de la valeur ajoutée. Aussi, des efforts louables dans le domaine agricole notamment la mécanisation et l’appui aux intrants.
Ce responsable du PEDN comprend la divergence politique actuelle et souhaite que les uns et les autres se retrouvent au tour de la table.
« Continuer à tendre la main à ceux qui refusent de venir sans se compromettre en faisant un troque entre la justice et l’impunité. Nous continuons nous même à tendre la main à nos collègues. Présents ou pas, s’il y a des valeurs qui les concernent nous ne manquerons pas de les défendre. A l’inverse s’il y a quoi que ça soit qui peut leur nuire et qu’ils auraient pu éviter en leur présence nous nous battrons aussi dans ce sens. C’est le cas par rapport à l’âge maximum pour se présenter à la présidentielle. Nous avons défendu l’idée de permettre à chacun de se présenter », laisse entendre cet économiste proche collaborateur de M. Kouyaté. Il précise toutefois que les autres considérations judiciaires ne relèvent pas de leur capacité.
Cependant, relève –t-il, il y a des défis qui demeurent notamment dans la mise en œuvre du chronogramme. Et pour ne rien arranger il y a une forte incompréhension qui est arrivée récemment par rapport au choix des chefs quartiers et districts. Il soutient avoir exprimé leur regret par rapport à cette décision des autorités de la transition. Selon lui, en 2016, ils ont rejeté la loi sur les quartiers et districts alors que celle-ci était encore plus proche des citoyens en matière de sélection que la formule de décret.
D’après Mohamed Cissé, il y a encore des interrogations voire des inquiétudes concernant la mise en œuvre du chronogramme particulièrement la mobilisation des ressources mais aussi à la structure du coût. Mais il garde espoir même si le recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC) qui doit être la base pour obtenir le fichier électoral devrait finir en janvier prochain. A ce jour il n’y a pas, dit-il, de perspective claire sur cette question.
Alhassane Barry