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Yoshihide Suga nommé Premier ministre du Japon, sous le signe de la stabilité

Yoshihide Suga, 71 ans, le nouveau chef du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir au Japon, a été élu mercredi nouveau Premier ministre par le Parlement, en remplacement de Shinzo Abe qui se retire pour des raisons de santé.

Quarante-huit heures après son élection triomphale à la tête du PLD, M. Suga a obtenu 314 votes à la chambre basse du Parlement, soit près de 68% des suffrages exprimés. Il a aussi récolté 59% des voix à la chambre haute.

Une majorité simple était requise pour l’emporter, et en cas de vote contraire entre les deux chambres, la chambre basse aurait eu le dernier mot.

Le PLD et son allié de coalition, le parti Komeito, disposent d’une confortable majorité à la Diète japonaise.

M. Suga s’est profondément incliné sous les applaudissements des parlementaires après sa victoire, mais ne s’est pas exprimé publiquement dans l’immédiat. Sa première conférence de presse en tant que Premier ministre était prévue dans la soirée.

Peu après le vote au Parlement, son successeur au poste de secrétaire général et porte-parole du gouvernement, le ministre de la Santé sortant Katsunobu Kato, a annoncé la composition de l’équipe ministérielle de M. Suga, qui n’a pas réservé de surprises.

lusieurs ministres restent en place, comme Toshimitsu Motegi aux Affaires étrangères, le vétéran Taro Aso aux Finances et le jeune Shinjiro Koizumi (39 ans), fils de l’ancien Premier ministre PLD Junichiro Koizumi, maintenu à l’Environnement.

Nobuo Kishi, qui fait son entrée au gouvernement à la Défense en remplacement de Taro Kono, n’est autre que le frère de Shinzo Abe, portant le nom de famille de leur grand-père maternel, Premier ministre du Japon à la fin des années 1950.

M. Kono prend lui le portefeuille de la Réforme administrative.

– “Problèmes coriaces” –oshihide Suga, fils d’un cultivateur de fraises au parcours atypique, a fidèlement servi et conseillé M. Abe pendant de longues années, coordonnant la politique entre les ministères et les nombreuses agences de l’Etat.

Il connaît à ce titre tous les rouages de la puissante bureaucratie japonaise, mais n’a pas la stature internationale de son prédécesseur et souffre d’une certaine image austère.

“Des problèmes coriaces attendent le gouvernement Suga”, avec en priorité la crise du coronavirus, a déclaré mercredi à l’AFP Shinichi Nishikawa, professeur de sciences politiques à l’université Meiji de Tokyo.

successeur de M. Abe devra ainsi agir rapidement face à la récession économique et la délicate question des Jeux olympiques de Tokyo, reportés à l’été 2021 en raison de la pandémie.

“Sur le front diplomatique, il y a beaucoup d’inconnues, notamment l’élection présidentielle américaine” de novembre prochain, a ajouté M. Nishikawa. M. Suga devra aussi louvoyer au milieu de vives tensions internationales, notamment entre Washington et Pékin.

– Pas d’urgence pour des législatives –

Les observateurs s’attendent à ce que M. Suga poursuive la politique économique de M. Abe, caractérisée notamment par une politique monétaire ultra-accommodante et des relances budgétaires massives, tout en espérant qu’il entreprenne des réformes structurelles jugées nécessaires.

“La libéralisation du marché du travail n’a jamais décollé sous M. Abe (…). M. Suga pourrait avoir plus de succès en réformant le vieux système administratif” nippon, en encourageant le recours à l’immigration et des hausses de salaires, selon une note de Capital Economics.

Certains hauts responsables du parti sont favorables à la tenue d’élections législatives anticipées, afin de consolider la légitimité de M. Suga et allonger la durée de son mandat au-delà du terme de celui initialement prévu pour M. Abe à l’automne 2021.

Mais pour le moment M. Suga a jugé qu’une telle élection n’était pas une priorité, arguant par ailleurs qu’il serait difficile d’organiser un tel scrutin national tant que la pandémie de coronavirus ne sera pas sous contrôle.

M. Abe, âgé de 65 ans, a battu des records de longévité à son poste mais a choisi fin août de démissionner, ayant été rattrapé par une maladie inflammatoire chronique de l’intestin qui avait déjà été l’une des causes de la fin prématurée de son premier passage au pouvoir (2006-2007).

AFP