À la surprise générale, le président sénégalais ne sera pas en lice pour un second quinquennat pour l’élection prévue en février 2024. Dans un discours à la nation très attendu prononcé en direct sur la Radio-Télévision sénégalaise, le président sénégalais est également revenu sur les violences qui ont secoué le pays.
« Ma décision, longuement et murement réfléchie, est de ne pas être candidat à la prochaine élection [présidentielle] du 25 février 2024 », a annoncé ce lundi soir le président Macky Sall, et ce, a-t-il précisé, « même si la Constitution m’en donne le droit ».
Macky Sall, à travers cette déclaration, met un terme à suspens de plusieurs mois, voire plusieurs années, et déjoue les pronostics qui le voyaient concourir une troisième fois… mais pour un second quinquennat, subtilité qui selon lui l’autorisait à se porter candidat, ce que contestait fortement l’opposition.
« J’ai un code d’honneur et un sens de la responsabilité qui me commandent de préserver ma dignité et ma parole », a-t-il développé pour justifier sa décision. Il avait en effet plusieurs fois affirmé que ce deuxième mandat, commencé en 2019, serait son dernier, rappelle notre correspondante à Dakar, Juliette Dubois. « J’ai une claire conscience et mémoire de ce que j’ai dit et écrit ».
« Le Sénégal dépasse ma personne et il est rempli de leaders capables de pousser le pays vers l’émergence », a-t-il ajouté. « On a tant spéculé, commenté ma candidature à cette élection (…) Mes priorités portaient surtout sur la gestion d’un pays, d’une équipe gouvernementale cohérente, et engagée dans l’action pour l’émergence, surtout dans un contexte socio-économique difficile et incertain », a-t-il ajouté.
En préambule de cette déclaration, le président sénégalais est longuement revenu sur les violences – mot prononcé à maintes reprises – qui ont secoué le pays début juin après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, et qui ont fait 16 morts. Ces derniers mois, des manifestants étaient descendus dans les rues pour lui demander de ne pas se représenter.
Macky Sall a donc beaucoup évoqué la sécurité et la paix dans son discours. Qualifiées d’« insoutenables » et « inexcusables », ces violences « ont mis à l’épreuve notre cohésion sociale », des « évènement particulièrement graves », « occasionnant des morts et des blessés et la destruction massive de biens publics et privés », a déclaré le président. « L’objectif funeste des instigateurs était clair » : « semer la terreur et mettre le pays à l’arrêt », a-t-il également affirmé, parlant d’un « crime organisé contre la nation sénégalaise, contre l’État, contre la république ». Le président a aussi rappelé à plusieurs reprises que la violence n’était pas une solution, semblant répondre à l’allocution de l’opposant Ousmane Sonko hier soir qui appelait à sortir dans la rue pour « finir le combat ».
« L’État est resté debout après cette machination insurrectionnelle » « visant à détruire notre modèle de société », a-t-il poursuivi, adressant sa « compassion aux victimes de ces actes criminels ».
Macky Sall « demande aux forces vives de la nation » soucieuses de « la sauvegarde des valeurs démocratiques de soutenir sans réserve l’action de l’État pour mettre en échec le projet pernicieux de déstabilisation du Sénégal ».
Enjoignant à « s’éloigner des radicalismes », il « comprend la volonté de la jeunesse de vivre une vie qui vaut la peine d’être vécue », ajoutant que « jamais la violence n’a permis à un pays de répondre aux aspirations de la population ».
Il a également salué « un dialogue national réussi », et a dressé un auto-satisfecit de son action à la tête de l’État : « Mon gouvernement et moi n’avons cessé de relever les défis liés au développement », « nous avons un bilan qui amène […] à reconnaitre que nous avons fait progresser le Sénégal ».
Macky Sall appelle désormais les Sénégalais à « être vigilants » face à l’« activisme de l’intérieur et de l’extérieur », mais surtout à « la solidarité » et « à l’unité ».
« Le contexte est difficile, les angoisses sont là, mais le peuple a les ressources pour rebondir », a-t-il encouragé. « Notre pays demande de regarder ensemble vers l’avenir. »
RFI